Le Démon de la Fête
Métropolis - Fritz Lang (1927)
"La musique adoucit les mœurs.
Cette expression célèbre que l'on doit à on ne sait trop qui, est pourtant prise comme une vérité générale à raison.
Et parmi tous les types de sonorités que l'on peut entendre de nos jours dans notre monde fumant, il n'y en a qu'un qui m'exalte pleinement. Je parle en ces termes de la musique techno.
Je vous vois déjà grincer des dents à la manière de ceux qui s’adonnent à de graves excès sur cette même musique, mais rassurez vous, je ne vous parle pas sous l'effet d'une mode passagère ou d'un amour décérébré pour le débauchage, je l'ai déjà vécu cet amour et il m'a le cœur brisé.
Non, au delà de la fête, cette musique lorsque je ferme les yeux, fait apparaître sous mes paupières des images stroboscopiques, qui ressemblent à s'y méprendre à une réalité semblable mais plus sombre, qu'est la vie moderne et urbaine.
Métropolis - Fritz Lang (1927)
Le meilleur moyen d'affronter sa douleur, c'est de l'identifier, et la techno nous aide pour cela, elle se fait le reflet de notre douleur quotidienne.
Le rythme effréné, monotone, sans variations et écrasant de la musique nous rappelle celui de notre vie. Chaque coup résonne en écho, tel un marteau automatisé, avec nos pas réguliers et inarrêtables sur les pavés.
La musique peut rarement sembler festive, et elle ne l'est jamais sincèrement, il y a toujours ce brin de cynisme, d'hypocrisie qui se fait le symptôme d'une misère dont on ne peut s'éloigner.
Elle diffuse des mélodies sombres et froides, sans sentiments, une pure expression sadique qui tranche les tympans, sans pitié. Des incantations morbides qui suscitent la peur, et résonnent dans le corps.
C'est aussi la représentation d'une violence brute, gratuite, sans raison sinon que la brutalité pure même.
La techno créé chez moi l'image d'un dieu sombre, violent, mécanique, industriel, qui enrobe d'une fumée sombre et étouffante les Hommes à ses pieds, qu'il pousse au vice et à l'excès, à assouvir leurs sombres passions, ou a les expier en se laissant galvaniser par son cri, dans une marche infinie et puissante, qui se transforme en danse, en l'honneur de cet être divin que l'on a créé. Les premiers Hommes cherchaient la transcendance en dansant autour d'un feu, et en tapant sur des morceaux de bois. Les Hommes d'aujourd'hui la cherche en dansant sous les spots avec de la musique tapée sur ordinateur.
Métropolis - Fritz Lang (1927)
C'est cette vision sombre et éthérée qui m'exalte, l'expression de la purulence et l'horreur de l'humain dans sa dimension la plus spirituelle.
La musique heureusement adoucit les mœurs, et l'expérience cathartique de la techno nous est bénéfique, sinon, qui sait quelles horreurs nous pourrions commettre?"
Kas:st - Hell On Earth