La Petite Boucle #4 - Sous le Signe des Rencontres

Publié le par Antonin Lars

La Petite Boucle : Jour 4, Mardi 14 juin 2018 : Départ Lyon :

 

Ce matin là, peu avant midi, je suis sorti par Romain d'un sommeil que j'aurais aimé ne pas quitter. Il me propose, alors que je suis encore sonné, de l'attendre ici en prenant ma douche pendant qu'il s'en va chercher notre ami Seikaré, afin de passer le début de l'après-midi ensemble.

J'accepte volontiers, et nous nous retrouvons quelques temps après dans le salon, tout les trois frais et dispos.

 

C'est la première fois que je rencontre en vrai Seikaré, et je suis frappé par son jeune âge, surtout en ayant en tête toutes les horreurs qui nous faisaient rire lorsque nous traînions ensemble sur Internet il y a quelques années. D'ailleurs, je lui demande son vrai nom à ce moment, mais je ne parviens pas à le retenir, lui préférant le pseudonyme sous lequel je l'ai toujours connu.

 

On profite avec Romain de ce léger moment de flottement pour prendre notre petit-déjeuner tout en discutant, avant qu'il ne nous propose de passer quelques temps dans un cadre plus chaleureux. On s'en retourne donc tous les trois au centre commercial de la veille afin de s'acheter des sandwichs, avant qu'il ne nous mène à travers la ville vers un de ses lieux préférés :

 

On finit par arriver dans un énorme et beau parc au milieu de la ville, où l'on peut admirer nombres d'animaux étrangers à la ville, tels que des daims, des autruches, ou encore des girafes, biens rangés dans leurs enclos. Alors qu'on les admire au passage, Romain nous conduit à un banc au milieu des fleurs et des fontaines, au centre de ce parc que l'on appelle Parc de la Tête d'Or.

On s'y assoit pour manger et profiter du Soleil, alors que nous continuons notre conversation, enfin faite en chair et en os, non plus à travers le son grésillant de nos casques.

Ce moment est reposant au début, puis la chaleur qui se fait plus forte nous ramolli et on se décide à retourner à l'appartement de Romain car j'y ai laissé mes affaires.

Sur le chemin, il vérifie via son téléphone ses résultats scolaires, et est soulagé d'apprendre qu'il a obtenu son année de faculté, ce qui nous rend tous heureux.

 

Romain, Seikaré et Moi, sur un banc au milieu du Parc de la Tête d'Or

Romain, Seikaré et Moi, sur un banc au milieu du Parc de la Tête d'Or

 

On fini par arriver chez lui, et je rassemble mes affaires et me rafraîchit le corps, avant de les saluer, très heureux de les avoir vus et revus en vrai, puis je reprends la route.

Je me dirige tout d'abord vers l'Avenue Jean Mermoz, porte d'entrée vers l'autoroute située à une heure de marche de mon point de départ. Je marche longuement le long de la route sur un petit fond musical qui rythme ma progression. Je fini par arriver au niveau de l'avenue où je rencontre beaucoup de zones en travaux comme m'avait prévenu Romain, mais un passant sous mon interrogation me rassure, ils n'empêchent pas d'accéder à l'autoroute, et j'atteins en effet bien rapidement une zone propice au stop, où de nombreuses voitures patientent à l'arrêt avant de s'engager sur l'autoroute.

 

Ce que j'ai découvert et qui me passionne déjà dans la pratique du stop, c'est la variété de visages, d'histoires, de visions que je rencontre dans chaque habitacle qui m'ouvre ses portes.

Durant cette après-midi, j'en ai rencontré de nombreux qui m'ont particulièrement surpris, de par la nature particulière de la rencontre et du rencontré. Cette journée est vraiment sous son signe.

 

C'est tout d'abord une femme noire qui pendant un court trajet, me raconte comment elle part chaque année avec sa famille rendre visite à ses parents, en effectuant un trajet de 5000 km en voiture jusqu'au Sénégal, et ce, chaque été. Moi qui me targuait d'avoir à faire 1000 km pour rendre visite à ma famille en Bretagne, je suis cinq fois impressionné.

Une fois qu'elle me dépose à un rond-point près de St-Quentin Fallavier, je ne tarde pas à trouver une nouvelle voiture menée par une conductrice pour avancer. Elle passe un appel lorsque nous sommes à l'arrêt, et je crois comprendre d'après ce que ma curieuse oreille entend, qu'elle est concernée par un heureux événement. En effet, son frère l'appelle depuis une clinique non loin, car il vient tout juste d'être père. Je suis alors surpris qu'elle ait pris le temps de s'arrêter et sortir de ses plans pour l'inconnu que je suis, et je lui souhaite tout mes vœux de bonheur pour sa famille nouvellement agrandie, alors que je quitte sa voiture au niveau d'une aire d'autoroute.

Je ne tarde pas à trouver une autre femme, qui m'avance joyeusement et me dépose à un péage proche de Chambéry, en me faisant remarquer que je ne suis pas le seul ici à me déplacer à la force des voitures des autres.

 

En effet, alors que je sors du parking pour me diriger vers le péage, je distingue deux personnes, chacune d'un côté de la route, une jeune femme et un jeune homme tous deux légèrement plus âgés que moi, et cherchant visiblement à aller dans ma direction.

Surpris et heureux de ce drôle de hasard, je leur fais signe de me rejoindre, ne serait-ce que pour faire connaissance. J'aborde la jeune femme alors que le jeune homme ne tarde pas à nous rejoindre après avoir traversé au niveau des barrières.

Elle, se prénomme Ramona, elle est allemande et cherche à rejoindre Luzerne en Suisse, quand à lui, il s'appelle Mathieu, possède une grande peluche de Marsupilami presque à taille réelle accrochée à son sac, et il se rend tout comme moi à Annecy afin de profiter de son festival de films d'animation.

Le hasard est déjà grand lorsqu'il nous réunit tous les trois pour lever le pouce dans la même direction au même endroit, mais il se fait immense lorsque nous abordons chacun notre activité qui se rejoint sur le terrain du cinéma.

En effet Ramona travaille dans le cinéma documentaire, tandis que Mathieu travaille dans le cinéma d'animation, c'est d'ailleurs pour cela qu'il se rend à Annecy, car il a travaillé comme animateur sur le film en compétition Dilili à Paris de Michel Ocelot, auteur du célèbre Kirikou et la Sorcière.

Alors que nous continuons notre conversation, tout chamboulé par la chance de notre rencontre, une petite voiture vert pomme s'arrête à notre niveau. Il en sort un monsieur au crâne légèrement dégarni qui se présente sous le nom de Clément, et nous propose spontanément à tous les trois de monter dans sa voiture.

L'euphorie nous fait vite accepter, et Clément tout aussi excité que nous manque de rentrer dans la barrière du péage encore abaissée.

On discute beaucoup pendant le petit trajet, et sachant notre destination commune, on s'entend avec Mathieu pour continuer un temps notre chemin ensemble alors que Clément nous dépose tous trois à un rond-point près de Seynod.

On salue Ramona qui doit partir plus loin, et je me met tout heureux à lever le pouce avec Mathieu qui semble avoir plus baroudé que moi.

 

La Vieille Ville d'Annecy

La Vieille Ville d'Annecy

 

Il ne nous faut pas longtemps pour qu'une dame ne nous prenne en stop et nous amène dans le centre d'Annecy. En plein dans la vieille ville, elle cherche dans le restaurant asiatique où elle travaille une brochure du festival qu'elle nous donne à chacun, bien que cela n'intéresse que Matthieu.

Il part à la recherche d'accréditations pour assister à des conférences, et je l'accompagne vissé sur mon téléphone afin de tenir Chiara informé de mon arrivé dans la ville.

N'ayant pas de forfait français et ne pouvant voir ses messages que grâce au Wi-fi de son hôtel qu'elle a du quitter pour la journée, elle ne sais pas encore que je suis là, et d'ailleurs je ne peux pas compter sur elle pour m'héberger, car passer la nuit dans sa chambre d'hôtel me paraît inenvisageable.

 

C'est pour essayer de régler ce problème commun que nous décidons Matthieu et moi d'aller s'asseoir sur les coups de 20h dans le grand parc au bord du lac, afin de chercher sur Couchsurfing, une application qui met en relation des hôtes potentiels et des voyageurs, un endroit où passer la nuit, afin de s'éviter un sommeil à la belle étoile.

 

Matthieu et son Marsupilami dans le parc d'Annecy

Matthieu et son Marsupilami dans le parc d'Annecy

 

On se rend bien vite compte de l'inefficacité de cette tentative, compte tenu de la période estivale doublée de celle du festival, les gens ont déjà du monde chez eux.

Lassé par ce manque de réussite, on se décide à marcher un peu en direction du lac. Au hasard des gens que nous croisons, nous parlons à une femme à vélo afin de lui poser quelques questions, pour essayer de se sortir de cette situation.

C'est une étrangère installée ici depuis quelques années, et elle estime comme nous qu'il nous sera compliqué de trouver l'hébergement chez l'habitant au vu de la période et de la population vieillissante et embourgeoisée peu susceptible d'accueillir deux modestes voyageurs. Elle nous conseille plutôt de planter la tente que mon ami porte sur son dos, sur une plage du lac, nous recommandant quelque lieux cachés dans des renfoncements.

 

Nous la remercions pour son expertise, et alors que l'on se redirige vers les grands halls où se déroule le festival, nous croisons un certain Captain Popcorn, Youtuber critique de séries et de produits audiovisuels en général, que je ne connais pas mais dont Matthieu semble apprécier le contenu.

Je les laisse discuter en suivant silencieusement la conversation, et alors que je scrute la foule de festivaliers qui profitent de la chaleur de cette fin d'après-midi, je reconnais Chiara au milieu de ses amis qui fonce droit dans ma direction sans même me suspecter.

Je dis alors à Matthieu que j'ai enfin trouvé mon amie, et on se promet de se tenir au courant par téléphone si jamais l'un de nous trouve une solution commune pour le coucher.

 

Je le quitte donc et me dirige vers celle que je n'avais jamais rencontré afin de la prendre par surprise. Je m'approche d'elle, elle me reconnaît et on se parle enfin de visu.

J'espère pouvoir me greffer à son groupe pour les suivre, mais ils sont en plein retour vers leur hôtel afin de prendre le repas du soir, où je ne pourrais moi même pas me sustenter sans payer le prix fort.

On se met alors d'accord pour se retrouver vers 22h devant le Quick voisin afin de passer la soirée ensemble, et je les quitte donc pour partir à la recherche d'un lieu où manger pour pas cher.

 

Malheureusement, face au prix exorbitant partout ailleurs, et à la nécessité de charger mon téléphone si jamais je venais à passer la nuit dehors, je me résigne à manger dans ce même Quick, bien que je ne me rends jamais dans ce genre d'endroits, ça aura au moins l'avantage de m'assurer d'être à l'heure à mon rendez-vous.

La lourde hystérie mécanique des travailleurs a le don de me fatiguer, et une fois servis, je vais chercher le calme et surtout une prise libre à l'étage, seulement celle qui pourrait me convenir est occupée par un couple qui semble exaspéré de fatigue et ne mange même pas en essayant de redonner un peu d'énergie à leur téléphone. Après une légère attente soulagée par la nourriture, je m'enquiers auprès d'eux afin de récupérer la place, et ils acceptent en quittant les lieux.

J'en profite pour recharger toutes mes batteries, et quand vient le moment, je vois par la fenêtre Chiara avec nombre de ses camarades, et je m'empresse de les rejoindre.

 

Le groupe est mené par un de leurs professeurs qui leur a proposé d'effectuer une petite beuverie ensemble, beuverie à laquelle je me joins avec joie.

Alors que dans le grand parc les gens s'amassent en un point pour regarder une projection en plein air du film d'animation Les Indestructibles, notre cortège navigue vers une autre extrémité du parc, où nous pourrons faire la fête tranquillement.

Alors que j'essaye de m'intégrer au groupe en faisant la connaissance des amis de Chiara, je reçois un message de Matthieu qui m'invite à nous retrouver à minuit à proximité d'une tonnelle blanche où nous avions essayé plus tôt de lui obtenir des accréditations.

 

En attendant de le rejoindre, je suis la procession jusqu'à une petite scène au bord du lac sur laquelle les camarades de Chiara étalent boissons et victuailles. Je commence à boire avec eux tout en m’immisçant timidement au sein du groupe et de leurs conversations, mais très vite l'envie de me soulager se présente et je pars donc à la recherche de toilettes publiques dans le parc. Dans la file d'attente devant l'étrange bâtiment sanitaire au milieu des bois, je sympathise avec des jeunes tout aussi éméchés que moi, sinon plus, à qui je raconte fièrement mes tout récents exploits de voyage, avant de retourner vers ma fête initiale.

Je profite de la dernière heure qu'il me reste pour faire plus ample connaissance avec ses amis proches, et on danse en riant, avant que je ne propose d'immortaliser ce moment festif, le flash sonnant ainsi mon départ.

 

Une belle brochette de fun

Une belle brochette de fun

 

Je les remercie amplement pour ce moment et me dirige donc vers mon prochain rendez-vous situé à l'autre bout du parc. Pourtant pas en avance, je m'y retrouve seul et m'assois sur le bord d'une fontaine asséchée, histoire de soulager mon corps fatigué par la journée de voyage.

Alors que je regarde en face de moi la foule de gens qui boivent, rient et discutent à la terrasse d'un bar un peu chic, je reconnais parmi les visages flous, un visage plus net et connu. Je reconnais ainsi Davy Mourier en pleine fête avec des amis et collègues du monde de l'édition.

C'est un personnage que j'ai découvert comme comédien lorsqu'il formait le duo du Goldenshow avec son comparse Mr. Poulpe, il y a quelques années de ça, je les trouvais très drôle.

Sa présence, bien que surprenante pour moi sur le moment car vu au travers du prisme de l'admiration, est pourtant bien logique, car liée à la sortie d'une série animée adaptant la bande-dessinée La Petite Mort dont il est l'auteur.

 

Stupéfait, je n'ose bouger, le regard braqué sur lui alors que Matthieu émerge enfin de l'ombre, m'annonçant que nous devons attendre une amie à lui qui va pouvoir nous amener à un endroit propice au sommeil.

Alors que nous nous replongeons dans l'attente, je remarque que l'énorme peluche à l'apparence du Marsupilami que mon compagnon de voyage porte sur son sac, attire le regard intrigué de Davy dans notre direction, ce qui me motive à faire signe vers lui, comme pour indiquer mon appréciation envers lui, ce à quoi il répond par une blague criée de loin, avant qu'il ne s'engouffre à l'intérieur du bar.

J'explique alors à Matthieu la raison de mon excitation, alors que ses amis nous rejoignent enfin. On discute un peu avant de partir, mais notre marche est interrompue par une éditrice fan de la bête fantastique au pelage léopard, qui demande à pouvoir faire une photo avec son double empaillé.

Alors que Matthieu prend la pose avec elle, Davy s'approche de son amie éditrice, pour lui annoncer sa volonté de rejoindre son hôtel pour aller se coucher. Il se met alors à discuter avec nous, et marche même un petit moment à nos côtés, sautant de vanne en vanne, ironisant sur sa petite taille. Il finit par se détacher de notre groupe pour en interpeller et rejoindre un autre, composé de dessinateurs comme lui, parmi lesquels je reconnais Boulet que j'apprécie aussi.

 

Très heureux et surpris par le hasard de croiser ces auteurs que j'apprécie, j'en oublie ma fatigue et marche avec entrain alors que notre équipée affronte une rude pente qui ne manque pas de nous essouffler.

On finit par arriver à une aire de camping où l'amie de Matthieu nous propose discrètement de passer la nuit sur un emplacement vacant mitoyen au sien. J'aide mon ami à monter sa tente dans l'obscurité, et je fini par m'endormir dans mon fin duvet, à même le sol, durcit par les fortes chaleurs estivales, à la deuxième heure de la nuit.

 

Trajet parcouru jusqu'à maintenant

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Publié dans La Petite Boucle

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E
Merci pour ce partage bonne soirée <br /> Je remet mon lien encore ce soir<br /> de mon autre blog pense à t'inscrire pour me suivre <br /> <br /> http://l-univers-magique.over-blog.com/
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S
Bonne nuit!
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